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Une voix à entendre : Celle de Meryem Saci, qui se lance dans sa première carrière solo.

Si vous avez eu l’occasion de voir Meryem sur scène, en tant que chanteuse principale du groupe Nomadic Massive, vous avez surement constaté qu’elle possède une présence et une voix sans égale. J’avais assisté à plusieurs de ses performances sans jamais avoir su d'où cette indéniable force intérieure lui venait. Elle a grandi en Algérie et a été élevé par une mère célibataire. Meryem a partagé avec nous, les défis relevés par sa mère et elle, en tant que femmes, dans une société essentiellement patriarcale. Avec fierté, elle décrit les difficultés et les sacrifices que sa mère a dû faire, afin d’élever et nourrir son frère et elle même. Sa mère travaillait à son propre compte, un statut rarement attribué aux femmes algériennes, unique soutien de famille, elle travaillait à domicile ; ce qui lui permettait d'être présente, tout en s’occupant de la famille financièrement. La plupart des femmes se seraient contentées de pouvoir fournir le nécessaire aux membres de leur famille, mais la mère de Meryem encourageait ses enfants à non seulement poursuivre leurs études, mais les aider aussi à cultiver leurs passions. Dans le cas de Meryem, il était évident dés son plus jeune âge, que la musique allait occuper une place importante dans sa vie. Et bien étonnamment, le hasard des événements, fit que la musique qui était la cause de son départ d’Algérie et devint la source de son installation au Canada.

Vers la fin des années 90, la situation politique en Algérie était instable et toute opposition, directe ou indirecte, à ce régime de violence, était punie. Après avoir chanté une chanson pour la paix nationale, lors d’une émission télévisée, chanson dont les paroles s’opposaient précisément à la violence, la vie de Meryem et sa mère se retrouvent en danger. Elles devaient quitter le pays incessamment. En tant que femmes, l’obtention de papiers qui leur permettraient de sortir du pays était presque impossible. Meryem fut obligée de forger la signature de son père afin d'obtenir un visa de sortie pour sa mère et elle. Complices, Meryem et sa mère, trouvèrent alors, des billets pour la France où elles passent quelques mois pour ensuite s’envoler vers le Canada où elles réclament le statut de réfugié. Après plusieurs mois de préoccupation, ce fût la chanson de Meryem de la transmise à la télévision algérienne, qui convint le juge de la validité de leur réclamation, et qui leur permis d’acquérir le statut de réfugié.

Aujourd’hui, dix après son arrivée à Montréal, Meryem partage son histoire avec moi, autour de sa banquette d’Afrique du nord. Je constate que les souvenirs de son enfance en Algérie demeurent près de son cœur Meryem. Bien que sa vie en Algérie n’ait rien d’enviable, et bien qu'elle n’y soit pas retournée depuis son départ, une partie d’elle y est restée. Cependant, après cette agréable entrevue, ce qui marque mon esprit, ne sont pas nécessairement son rattachement à ses racines culturelles, mais plutôt le lien incroyable qui continue d’exister entre Meryem et sa mère. En dépit des conventions sociales et des contraintes économiques et sociales, ce qui continue à m’étonner de cette histoire, est le fait que Meryem et sa mère, deux femmes intelligentes et de grande force de volonté, se sont battues pour leur indépendance, et sans retenue, ont décidé de leur propre destin. Par cette unique complicité, elles ont lutté contre l’oppression économique et sociale, et ont réussi à démarrer une nouvelle vie à Montréal.

Meryem est aujourd’hui membre active de la communauté de Montréal, elle cherche à inspirer les jeunes par sa musique. Elle fait partie des quelques voix féminines de la scène hip hop de Montréal, et encourage les jeunes femmes, comme elle-même, à poursuivre leurs rêves en les motivant à prioriser l'éthique au travail et l’importance de l’éducation.
Inspirée par la force et la persévérance, Meryem, suit le chemin novateur que sa mère a entrepris, et apprend que rien n’est impossible tant que l’on travaille dur et qu’on croit en notre capacité de réussir. Elle continue à poursuivre sa carrière de musique, qu’elle a commencée très jeune. Et maintenant qu’elle lance son premier projet solo, elle est, sans aucun doute, poussée par la force et la détermination transmises par sa mère. Avec son talent poignant et sa ténacité, je lui souhaite beaucoup de succès et crois en sa capacité de réussir !

Entrevue avec Meryem Saci
Réalisée: Mercredi 14 avril 2010
Intervieweur : Jalea de Gracia
Vidéographe : Liz Miller